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Dossier sur l’évaluation

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Collectif Ecole changer de cap, mis en ligne le 20 février 2014.

DOSSIERS ÉCOLE CHANGER DE CAP

La Classe sans notes. Une expérience au Collège d’Uzès

Paul ROBERT

L’idée de classes sans notes a germé au Collège Lou Redounet en 2009-2010, dans le cadre des discussions autour de la mise en place du Socle Commun, en Conseil Pédagogique et à la suite d’une conférence donnée au collège par M. Jean-Michel Zakhartchouk, enseignant et co-rédacteur des "Cahiers Pédagogiques". Il a semblé en effet que le Socle Commun et l’approche par compétences conduisaient logiquement à l’abandon de la notation traditionnelle sur 20, dont il a amplement été démontré qu’elle renseignait avec une très grande part d’arbitraire sur les acquis réels des élèves.

Après consultation de l’ensemble des professeurs, il s’est avéré qu’il n’était pas réaliste de lancer l’expérience sur tout un niveau 6ème comme cela avait été initialement envisagé. Et qu’il fallait prudemment la tenter sur une seule classe de 6ème, choisie au hasard par l’équipe pédagogique constituée avec le noyau de professeurs volontaires et intéressés. L’inconnu restait bien sûr la réaction des parents à la rentrée. Favorablement impressionnés par la cohésion et la conviction de l’équipe, les parents n’ont pas fait de difficulté.

L’outil choisi pour l’évaluation des compétences a été le logiciel « SACocs » qui permet aux professeurs de constituer très souplement leur référentiel en se basant sur le "Socle commun de Connaissances et Compétences" (S3C) mais aussi sur les programmes du niveau. Une mini-formation avait été prévue en fin d’année 2009-10 avec un professeur de mon ancien collège dont je savais qu’il utilisait à titre personnel ce logiciel.

Après quelques difficultés de démarrage, essentiellement dues à la prise en main du logiciel, et à la constitution du référentiel, assez chronophage, les premiers effets positifs ont commencé à se faire sentir, et le conseil de classe a permis de constater que le projet était sur une bonne voie. Les différents bilans d’étape ont confirmé tout au long de l’année cette impression positive. En fin d’année les professeurs ont élaboré un questionnaire à l’intention des parents et des élèves. Le jugement favorable des uns et des autres a conduit à la décision de renouveler l’expérience cette année en l’étendant à deux classes : une 5ème (l’ancienne 6ème avec quelques ajustements) et une nouvelle 6ème.

Les principaux points qui ressortent des différents bilans

− L’Impact sur les élèves :

• Diminution du stress • Augmentation de la motivation • Les élèves donnent davantage de sens à l’école parce qu’ils comprennent mieux ce qu’on attend d’eux • Développement des capacités d’auto-évaluation • Dynamique constructive de progrès : la possibilité de réévaluer une compétence non acquise est très stimulante • Pas de décrochage : élèves ayant des difficultés d’apprentissage s’accrochent et progressent − Impact sur la classe : • Bonne ambiance • Bonne cohésion du groupe • Coopération et entraide • Elèves plus dynamiques et spontanés (doivent être canalisés) • Problèmes de discipline quasiment inexistants

− Du côté des parents :

• Meilleure visibilité sur la scolarité de leur enfant • Sentiment que les professeurs sont là pour aider leur enfant • Appréciation positive : seuls trois familles ont souhaité que leur enfant réintègre une classe avec notes (il s’agissait de très bons élèves).

− Du côté des professeurs :

• Sentiment de mieux connaître les élèves • Aide au Travail Personnel plus efficace : il est plus facile de cibler les remédiations • Bonne cohérence des équipes : tout le monde travaille dans le même sens • Sentiment qu’ils évoluent professionnellement • Pas de surcroît de travail (sauf au début)

− Du point de vue de l’établissement :

• Permet de faire progresser la réflexion sur le S3C : les classes sans notes préfigurent ce que pourrait (devrait ?) être l’école du socle • Saine émulation parmi les professeurs. Quelques uns affichent une certaine hostilité à l’approche par compétence mais pas de rivalité ouverte. Au contraire, diffusion progressive des idées (le nombre des volontaires s’est accru et a permis la constitution de deux classes) • Vers une généralisation ? Le contrat passé avec les professeurs était le volontariat des équipes. Il faut laisser l’idée progresser doucement et éviter une généralisation brutale qui mettrait en péril l’expérience. A terme pourquoi pas tout un niveau 6ème ou deux niveaux 6ème et 5ème ?

Conclusion

L’expérience menée dans les classes sans notes montre que la modification des pratiques évaluatives constitue une clé importante dans la lutte contre le décrochage scolaire et probablement aussi contre la violence à l’école. L’évaluation traditionnelle chiffrée est anxiogène. Les comparaisons entre élèves, inévitables dans ce système, sont potentiellement génératrices de conflit et de violence. Entraînant le travail en équipe tant des enseignants que des élèves, la suppression des notes et leur remplacement par évaluation plus formative, permet de diminuer le stress des élèves et les recentre sur leur propre progression dans une dynamique très positive. Elle retentit sur le climat de la classe et incite à un rapport moins concurrentiel et plus heureux à l’apprentissage aux savoirs. Pour autant je ne serais pas favorable à une généralisation imposée d’en haut - qui n’exclut pas une claire et argumentée incitation de l’institution - car il est évident que l’on pourrait aisément reconstituer, sans les notes, les travers de l’évaluation chiffrée.

Pour que les classes sans notes puissent produire un effet bénéfique il est nécessaire que soit favorisée une condition essentielle : le volontariat de professeurs animés d’une réelle bienveillance et d’un souci de faire réussir tous les élèves sans logique de sélection précoce. Tous ne sont pas encore prêts à franchir le pas et préfèrent la « sécurité » rassurante des notes. Mais l’idée progresse doucement comme le montre la journée académique des classes sans notes qui s’est tenue à Montpellier le 5 avril dernier et les expériences du même type qui se multiplient un peu partout en France. *Cette petite révolution à bas bruit contribue au changement de regard des professeurs sur les élèves qui est à mon sens la clé pour une rénovation en profondeur de l’École.

Paul ROBERT, Principal du Collège Lou Redounet d’Uzès. Membre du Collectif École changer de cap.

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- Lettre sur la notation à l’école primaire

Dominique Beck. Directeur des Services Départementaux de l’Éducation Nationale aux Inspecteurs et aux enseignants des Pyrénées Orientales.

Nous présentons ci-après, avec l’autorisation de l’auteur, un texte (à télécharger) qui témoigne des nombreuses prises de conscience et actions novatrices qui se multiplient à l’intérieur d’un système établi qui reste à repenser et ressourcer.

Lire la Lettre

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L’erreur et la faute...

Comme le développe longuement la réflexion de Daniel Favre qui suivra, la question de la notation est consubstantiellement liée au statut de l’erreur dans la pédagogie en général. : l’erreur n’est pas une faute, elle est une information, nous dit-il. C’est ce que que nous avons condensé dans les items 8 et 9 des "Treize propositions du Collectif École changer de cap".

Item 8 - Conférer un statut positif à l’erreur

" Ici, le but est de conférer un statut sensé à l’erreur dans les processus d’apprentissages afin de libérer les élèves de la phobie de la faute. « L’erreur est une information non une faute » écrit Daniel Favre. Il s’agit là en réalité d’une véritable révolution mentale et culturelle qui ferait passer d’une pédagogie intimidante à une pédagogie stimulante et sécurisante. Un certain nombre d’enseignants Å“uvrent dans ce sens, mais l’archaïsme du système reste surdéterminant. Selon l’enquête européenne PISA, les jeunes Français se rangent parmi les élèves les plus « inhibés » quant à leurs capacités d’expression : « Quand on aura compris dans ce pays qu’on apprend en se trompant, on reconstruira l’école différemment, » déclare Jacques Attali , Le Monde Éducation, 10 nov. 2010)".

Item 9 - Transformer les modes d’évaluation

"En lien profond avec la refondation du statut de l’erreur, abandonner les modes de notation et de classements traditionnels au profit de « pratiques d’évaluation formative », dont les outils éprouvés favorisent la confiance de l’enfant dans ses capacités, exercent son auto-jugement et le libèrent, lui et sa famille, de la hantise des notes et des classements. La compétition obsessionnelle ne serait plus confondue avec l’émulation mutuelle et son « fair-play ».

À noter qu’en Finlande, qui se classe en tête des pays européens, la notation, au sens général où nous l’entendons, est abandonnée jusqu’à l’entrée en sixième. En tout état de cause, la suppression des notations ne peut susciter d’effets positifs durables que dans une réorientation éthique et pédagogique plus générale du système scolaire. On peut souhaiter que le monde enseignant et les décideurs politiques scrutent de très près ces résultats positifs"

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- Notes ou pas : où est le problème ?

par Daniel FAVRE

Des évaluations issues du "Programme for International Student Assessment" (PISA, 2000, 2003, 2006, et à venir 2009) montrent que dans certains pays, comme la Finlande, les jeunes de 15 ans sont plus performants en mathématiques par exemple que dans d’autres pays comme la France et que de plus, les résultats continuent à s’améliorer dans ces pays alors que cela se détériore dans le nôtre. La Finlande ne notant pas les résultats scolaires au Primaire, la tentation est grande de penser qu’en supprimant les notes, on va supprimer le problème de fond qui parasite l’évaluation des élèves en France. Le raisonnement ne devrait-il pas aller plus loin en identifiant parmi les différents rôles de l’évaluation ceux qui servent l’apprentissage et ceux qui les desservent ?

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Évaluer " pour les apprentissages", ça marche !

Jacques MULLER

Vidéo

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RAPPORT de l’INSPECTION GENERALE DE L’ECUCATION NATIONALE (IGEN)

La notation à l’école des élèves éclairées par des comparaisons internationales

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