L’école inclusive

L’instauration d’un enseignement commun à tous les enfants, y compris ceux qui relevaient jusque là, du fait de leur handicap, de l’enseignement spécialisé, date maintenant d’une quinzaine d’années. Ce dossier dédié à l’école inclusive rassemble des informations, témoignages et points de vue, qui donnent à réfléchir sur l’état des lieux, en France, de l’inscription dans la pratique de cette belle idée.

C’est avec reconnaissance pour sa profonde humanité et son « altitude » que nous avons reçu la contribution de Charles Gardou qui ouvre ce dossier. Il donne d’emblée à la question de la participation de tout être humain, en situation ou non de handicap, selon ses possibilités et dès l’école, à l’ensemble de la vie sociale, intellectuelle, spirituelle, sa portée anthropologique, sa dimension humanisante. Il en montre aussi les conditions et les défis à surmonter pour sa réalisation.

L’expérience du passage de l’enseignement spécialisé des jeunes sourds à une collaboration avec l’enseignement commun inspire à Frédéric Brossier une réflexion approfondie sur les conditions très particulières de la réussite de ce passage. Des méthodes adaptées au rapport des jeunes sourds à la langue parlée, qu’ils n’entendent pas, sont indispensables à cette réussite, et le besoin de communication des enfants sourds scolarisés en langue des signes (LSF) nécessite aussi qu’ils aient des occasions multiples de se rencontrer, en milieu sourd comme en milieu entendant.

ATD Quart-Monde a lancé une recherche sur la scolarité des enfants issus de milieux défavorisés. La voix de Régis Félix, attire notre attention sur ces Ã©lèves « Ã  besoins particuliers ». Ont-ils vraiment des besoins particuliers ? Leurs rapports difficiles à l’école ne viendraient-ils pas du regard que l’école porte sur eux et des préjugés qu’elle véhicule à leur endroit, comme si la pauvreté entraînait par elle-même une inadaptation structurelle au savoir ? L’inadaptation n’est-elle pas plutôt celle de l’école qui n’a pas su répondre à ce public populaire ? La question se pose...

Autre public à besoins particuliers : celui des enfants « Ã  haut potentiel », que leurs intérêts portent à poser et se poser des questions en avance sur leur âge, ce qui les met en décalage par rapport à leurs camarades et impacte leur sociabilité. Monique Binda tente de répondre à la question : Comment l’école peut-elle répondre à leurs problèmes ?

Et comment ré-inclure dans le cursus scolaire les exclus du système, ces « décrocheurs » dont le grand nombre signe l’impuissance de l’école à faire face à un public non-conforme à ses normes ? A la petite échelle d’un collège de banlieue (Aurélien Ficot), comme à la grande échelle de la FESPI (Fédération des établissements scolaires publics innovants) dont Bastien Sueur est membre, des enseignants « raccrocheurs » font appel à un enseignement personnalisé et des rapports étudiants-professeurs dont l’école « ordinaire » aurait tout intérêt à s’inspirer.

Enfin le témoignage à bâtons rompus de Delphine Mousseau nous fait vivre au quotidien son expérience de coordinatrice en ULIS-école, les rapports de ses élèves en situation de handicap mental avec leur classe de référence, les réactions des enfants et des enseignants de son école, qui a mis en place des pratiques inclusives déjà anciennes.

Dossier coordonné par Marie-Françoise Bonicel et Maridjo Graner.