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Hommage à André Giordan

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Collectif Ecole changer de cap, mis en ligne le 12 juillet 2023.

AU REVOIR ANDRÉ

André Giordan était né en 1946 à Nice, une ville qui a compté pour lui toute sa vie. Il nous a quittés ce 31 Mai 2023. Sa carrière et son Å“uvre sont d’une telle ampleur et d’une telle diversité que l’on ne peut que renvoyer à Wikipedia pour en prendre connaissance ! Nous témoignons ici de ce qu’elles furent dans le cadre de notre association qu’il a présidée et marquée de sa personnalité pendant 8 ans et lui rendons un hommage à la hauteur des regrets, mais aussi des souvenirs qu’il nous laisse.

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Bonjour à tous,

Le décès d’André est une triste nouvelle pour tous les membres passés et présents d’ECC. André a été un président qui aura marqué l’association. Nadine Gaudin

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Grande peine pour ses proches et pour tous ceux qui ont collaboré avec lui ; une belle figure. « Ne s’éteint que ce qui brilla » disait Elsa Triolet, et pourtant il continuera à briller […] Prolongeant sa citation de Rilke, le poète Gilles Baudry suggère «  Et peut-être que là où il ya plus d’absence, il y a plus de présence. »

En amitié, Marie-Françoise Bonicel

.... Au revoir André, ami précieux, savant biologiste, citoyen-chercheur en pédagogie, ambassadeur convaincu, aux quatre coins du monde, du pilou et de la cuisine niçoise comme du "modèle allostérique de l’apprendre", complice de tes amis artistes et humoristes de l’Ecole de Nice, président aussi discret qu’efficace et inspirant d’Ecole, changer de cap. Tu avais accepté cette présidence pour rendre service, faute de candidat après la disparition d’Armen et, encore pour rendre service, tu l’avais assurée avec courage quand la maladie t’a atteint . Dans notre collaboration de huit années au bureau de l’association je t’ai toujours trouvé présent , d’où que tu soies dans le monde, pour répondre à une question, résoudre un dilemme, proposer, suggérer une solution sans jamais rien imposer, sans discussions ni digressions inutiles, toujours bienveillant et souriant. Tu laisses une Å“uvre considérable dont aucune réforme future de l’Ecole ne pourra faire l’impasse si nous voulons "apprendre à vivre " à nos enfants, comme tu nous as "appris à mourir" dans ton livre-testament à deux voix. Je suis heureuse de t’avoir connu et profondément reconnaissante pour ta disponibilité et l’exemple que tu m’as donné de ton amour actif de la vie et de ton acceptation tranquille des épreuves de l’existence. Maridjo Graner

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"Hasta siempre" André, comme on dit en espagnol, aux êtres à qui l’on tire une solide révérence.  J’aime son oeuvre insolente et solidaire vis-à-vis du système éducatif, son rapport aventureux avec lui-même, ancré dans un regard autocritique d’apprenant (de "cancre" comme il disait), qu’il a vaillamment su transformer en conscience et en connaissances. Son esprit d’aventurier lui a permis sans doute d’appuyer plus naturellement ceux qui cherchaient à interpréter des signaux faibles, à soulever des pierres et faire équipe avec d’autres, quels que soient les milieux. Attiré par ce genre d’itinéraire, j’avais saisi la sortie de la dernière réédition de son livre "Apprendre" pour le traduire en espagnol, d’ailleurs sans attendre le feu vert de l’éditeur (Belin) pour résoudre le verrou des droits d’auteur.  La traduction est en ligne : https://aprender-giordan.net/  La vie est belle et courte... l’aventure en est la respiration.  La route continue, au vent des poussières d’étoiles vers lesquelles sont retournés André et d’autres camarades... François Soulard

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Beaucoup des merveilleuses choses qui font ma vie actuelle n’existeraient pas sans André Giordan, tant sur le plan personnel que professionnel. Je lui dois énormément, jusqu’à mon regard sur la vie et ce que j’en fais depuis que je l’ai rencontré.

André avait cet art de vous poser des questions en apparence insignifiantes, mais qui vous transperçaient exactement à l’endroit de vous que vous ne vouliez pas explorer, vous entraînant dans des jours de questionnements. Parfois d’angoisse, lorsqu’il vous faisait entrevoir des sommets qui vous semblaient totalement inaccessibles, du plan le plus intime au plus intellectuel.

Mais une fois que vous aviez vu ces sommets, que vous aviez été troublé par ses questions, vous ne pouviez plus les ignorer. Et il vous accompagnait un bout du chemin si vous le lui demandiez. Tout en suggestions, en encouragements, en conseils et en questions. Sans jamais rien forcer.

Car son autre art était de vous transmettre son extraordinaire confiance en vous et en vos capacités ; vous saviez que c’était impossible, mais parce qu’il semblait penser le contraire, cela devenait soudain possible.

Je garde de lui des souvenirs magnifiques d’échanges dans tous les coins du monde, dans les endroits les plus improbables. Car pour parler avec André, il valait mieux être dans la nature que dans un bureau.

Sa maison et ses appartements vous étaient toujours ouverts, qu’il y soit lui-même ou pas. Et s’il y était, vous y étiez toujours accueilli... avec du champagne. L’un de ses seuls luxes.

Rencontrer quelqu’un comme lui a été un honneur et une chance inestimables ; bénéficier de son amitié et de son affection, une bénédiction.

Nous sommes nombreux dans ce cas et tous•tes un peu orphelin•es ce matin.

Toutes mes pensées du jour vont à sa famille et à ses proches.  Richard-Emmanuel Eastes

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André Giordan nous a quittés, en même temps que le mois de mai. Difficile d’exprimer le vide qu’il laisse. Professeur iconoclaste dans une université de Genève bien pensante, il m’a fait découvrir d’autres manières d’envisager l’enseignement, tant au niveau primaire que tertiaire.

Ses cours, ses séminaires étaient des explosions d’expériences, de questions parfois sans réponse, de réflexions philosophiques autant qu’épistémologiques ou didactiques. Il m’a donné le goût de l’apprendre, la confiance en moi pour aller jusqu’à un doctorat que je n’avais même jamais envisagé.

Travailler à ses côtés était une joie permanente et renouvelée. Impossible de s’ennuyer, de tomber dans une routine ou de tenter le dogmatisme. Il savait bousculer les certitudes, remettre en question les a priori, poser les questions qui poussent la réflexion, plus loin, toujours plus loin.

Visionnaire, il m’a fait plonger dans la complexité du monde et de ceux qui l’habitent. Il m’a offert des outils intellectuels et émotionnels pour construire des visions différentes, divergentes et les assumer. Il a surtout su découvrir mes potentiels pour m’aider à les exploiter. Dire que ce fut un directeur de thèse exemplaire est un euphémisme. André Giordan était l’être le plus humain que j’ai eu l’occasion de rencontrer.

Ses nombreux ouvrages témoignent de son engagement vers une école mieux adaptée aux besoins des élèves, dans ce XXIe siècle qui évolue de plus en plus sous le signe de la transformation. Sa sensibilité lui avait fait prendre conscience depuis longtemps de la relation très forte que tout enfant doit entretenir avec la nature. Ce n’est pas pour rien qu’il fut l’auteur du premier rapport de l’Unesco sur l’éducation à l’environnement, en 1972.

Pour toutes celles et ceux qui ne le connaissent pas ou ne le connaissent pas assez, je ne peux que vous conseiller de lire ses ouvrages. "Apprendre !" est certainement le plus incontournable. Mais "Une autre école pour nos enfants" ouvre des pistes qui n’ont pas encore été assez exploitées. Et il y en a encore tant d’autres !

Si l’auteur nous a quittés, ne laissons pas mourir ses idées. Francine Pellaud

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J’ai apprécié, d’André, son intelligence toujours en alerte, sa vision du réel toujours complexe, ses compétences de chercheur, de pédagogue, de didacticien, de biologiste, de systémicien, d’accompagnateur… J’ai admiré d’André son engagement, sa générosité, sa cohérence citoyenne, pédagogique, écologique, relationnelle, la continuité dans ses responsabilités, le témoignage permanent de ce qu’il ne se sentait jamais supérieur à d’autres. J’ai aimé, d’André, sa simplicité, sa gentillesse et son attention toujours personnelle, son humour, sa patience, son courage, sa confiance, sa solidarité. Il avait ce don de nous faire nous sentir unique ! Je lui dois une ouverture de mes questionnements, une fierté de nos pratiques reconnues par ce grand humain, une compréhension de méthodologies de recherche renouvelantes, des liens de compagnonnages avec certains de ses amis, une espérance dans ce que nous pourrions davantage faire avec des chercheurs. Je n’oublierai pas notre amitié réciproque (je le sais, il me l’a écrit). Elle aussi m’engage ! Claire Héber Suffrin

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A mon tour de rapporter quelques évènements qui ont jalonné son parcours et transformé le mien. J’évoquerais en premier les JIES de Chamonix, ces Journées Internationales sur l’Education Scientifique… (les actes avec 2500 communications sont disponibles sur le site : < http://artheque.ens-cachan.fr/colle...>) que pendant trente ans André a co-organisées à Chamonix avec chaque fois un discours d’ouverture qui faisait chaud au coeur car, chercheur débutant ou chevronné, on sentait que chacun avait sa place. C’est en partie à cause de l’existence de ces journées, où la prise compte de la complexité du vivant était la bienvenue, que j’ai eu envie de quitter les neurosciences en 1991. Plus tard, j’ai fait en sorte que participer à ces journées puisse faire partie intégrante du parcours des chercheurs de mon nouveau laboratoire.  André fut pour moi comme un grand frère qui a facilité mon intégration en sciences de l’éducation ; par exemple, il était là pour intervenir à un colloque que j’organisais sur l’évaluation et le rôle de l’erreur à Montpellier ou comme rapporteur pour la thèse que j’ai soutenue ensuite en sciences de l’éducation. Je salue aussi celui qui a contribué à faire sortir la didactique de la biologie de l’ombre de la didactique de la physique et des mathématiques en montrant combien la compréhension des phénomènes biologiques (de notre corps à la biosphère) permettait de mieux comprendre le monde, de donner du sens, de se responsabiliser tout en s’émerveillant, il a démontré par son exemple, son enthousiasme, que la science pouvait ré-enchanter le monde.

Pour cela et pour tout le reste, en partie d’ailleurs déjà évoqué, merci André !! Daniel Favre

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C’est un édito un peu particulier que diffuse aujourd’hui l’École de la médiation. Il concerne André GIORDAN dont nous portons tous le deuil : sa famille et ses proches bien sûr, pour lesquels nous avons les plus tendres pensées ; mais aussi, les gens de l’apprendre, les enseignants, les acteurs de tous poils des sciences de l’éducation, de la médiation scientifique et culturelle. C’est une disparition qui peine aussi les musées et la muséologie et bien d’autres domaines comme entre autres les Réseaux d’Échanges Réciproques de Savoirs (RERS) ou les groupes de travail Citoyens-Chercheurs dans lesquels André s’était impliqué aussi, avec discrétion et humilité, tout éminent professeur d’université internationalement reconnu qu’il était.

Le panégyrique de ses activités et champs d’actions n’est plus à faire. L’internet regorge du gigantisme et de l’éclectisme de ses productions. Son site internet personnel http://andregiordan.com parle mieux que tous les éloges qui pourraient être faits, même les plus longs.

Niçois d’origine - surtout ne pas oublier ça ! - et biologiste, une trajectoire de vie personnelle le conduit très tôt vers l’apprendre. Initiateur et Directeur du Laboratoire de Didactique et d’Épistémologie des Sciences (LDES) de l’université de Genève, il sera la référence internationale, iconoclaste et incontournable, en matière de didactique, de médiation des savoirs, de muséologie, et de tant d’autres domaines … Père des Journées Internationales de Chamonix (JIES) - 32 années consécutives, pas moins de 2500 contributions toujours consultables … pour cesser de « tourner en vase clos » - il fonde aussi et entre autres choses le réseau Communication, Éducation et Culture Scientifiques et Industrielles (CECSI). A l’image du personnage, recherchant croisements disciplinaires et thématiques dans toutes les rencontres professionnelles profondément humaines qu’il organise, il est le moteur si ce n’est le propulseur de bon nombre d’entre nous.

L’École de la médiation pleure elle aussi son départ. Membre expert du programme pour l’Égalité d’accès aux Sciences, aux Techniques, à l’Innovation et aux Multimédia (ESTIM), il était aussi le conseil avisé des Centre de Culture Scientifique, technique et industrielle (CCSTI) comme la Cité des Sciences et de l’Industrie au sein de laquelle il avait collaboré à La cité des enfants dans les années 90.

Son histoire personnelle pousse cet humaniste à s’intéresser à tout, à tout le monde, à être un « marieur », un « pousseur à entreprendre ». Il écoute attentivement tout, y compris les signaux les plus faibles, et sait communiquer à toutes et tous ce tout petit rien, tant au niveau personnel, individuel que collectif, avec cette extraordinaire et incroyable confiance en soi, qui rend tout possible. Promoteur et ambassadeur de la connaissance mais aussi de la gastronomie (niçoise), des arts (École de Nice) et du Pilou (Nice toujours), il savait suggérer des solutions sans jamais rien imposer. Il laisse un Å“uvre considérable, bien sûr concernant nombre d’apprendre dont l’apprendre à vivre, l’apprendre à être, à devenir et, tout récemment … Apprendre à mourir. Initiateur de l’Éducation à l’environnement, de l’Éducation thérapeutique et de tant d’autres « Ã©ducatifs » ouverts sur les hommes, la nature, le monde, les liens et le complexe, il nous laisse toutes et tous un peu orphelins.

Le meilleur hommage que nous puissions lui rendre, c’est d’entretenir son image, sa pensée. C’est de prolonger ses travaux. C’est de prendre exemple sur sa personne qui que nous soyons, où que nous soyons. Ainsi, donnons-nous tous rendez-vous sur son site personnel pour écouter ce qu’il a à nous dire, ne serait-ce qu’à propos de … la salade niçoise. La réaliser comme il convient, c’est déjà penser à lui, c’est déjà lui rendre hommage. Et adonnons-nous au Pilou. C’est aussi cela entretenir sa mémoire.

Bon voyage à notre André. Gianni Giardino


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