Claire Héber-Suffrin , mis en ligne le 15 février 2021.
De la reconnaissance, des reconnaissances multiples et diverses quant à leurs formes, leurs origines, leurs dimensions et leurs effets, nous avons tous eu besoin d’en recevoir pour nous construire personnellement, pour créer de belles relations et pour nous situer dans notre société.
Nous avons tous sans doute encore le plaisir d’en recevoir des signes. Mais comment ? Mais de qui ? mais à quel sujet ? Le plaisir également d’en donner, d’en partager. Mais comment, à quel propos, avec qui et pour qui ? Nous pourrions reconnaître que nous avons tous encore le désir d’en recevoir. La reconnaissance étant alors un puissant ferment d’action, de réflexion, d’engagement, d’apprentissage.
Nous pourrions comprendre que nous avons tous la capacité et la légitimité d’en offrir. Le faisons-nous ? Pourquoi sommes-nous si réticent à le faire, pourquoi n’osons-nous pas davantage, pourquoi l’enfermons-nous dans une seule logique d’outil ?
Nous pourrions continuer à comprendre ensemble la puissance de la reconnaissance, mais aussi la délicatesse qu’elle nécessite pour éviter les risques de manipulation, la finesse de son expression pour qu’elle soit acceptable et désirable par celle ou celui à qui elle est adressée. Nous pouvons, nous devrions, souhaiter apprendre à en faire un outil d’accompagnement mais aussi un mode de compagnonnage, une façon d’être et de se relier, un chemin d’humanisation.
Cet ouvrage pourrait-il aider à comprendre et à apprendre l’importance de la reconnaissance dans nos vies personnelles, nos vies professionnelles et militantes, notre vie en société ? Pourrait-il favoriser des questionnements partagés sur les façons d’être, de faire, de dire et d’analyser la reconnaissance ? Pourrait-il ouvrir des voies d’expérimentations dans nos cheminements individuels, nos projets collectifs et notre démocratie ? C’est cet espoir qui en conduit la logique d’organisation.
Deux chapitres d’ouverture
Dans un premier chapitre, un Petit Prince et une montgolfière aideront à partager la vision politique et poétique de la reconnaissance de l’auteure que je suis. Un deuxième chapitre me permet de dire sur quelles expériences je m’appuie pour inviter à un travail de reconnaissance des reconnaissances et de leurs puissances transformatrices.
Première partie
Oui, à travers différentes acceptions, et donc dimensions, du mot « reconnaissance » au quotidien, à travers différents états concrets de la reconnaissance et à travers différents chemins vécus de ces reconnaissances, la reconnaissance nous concerne tous.
Comment le savons-nous ? Par quels événements qui nous ont marqués, quelles paroles qui nous ont accompagnés ou empêchés, quelles situations qui nous ont construits ou meurtris ? En tout cas, ces événements, ces paroles et relations, ces situations nous ont prouvé la force constructrice de la reconnaissance, la force destructrice de son absence ou, pire, du mépris affiché ou masqué ?
Deuxième partie
C’est pourquoi, dans cette seconde partie, à travers une dizaine de parcours singuliers, nous essaierons de comprendre les effets de la reconnaissance. Par quels processus la reconnaissance, dans ses différents états évoqués dans la première partie, a-t-elle des effets transformateurs ? Comment est-elle vécue personnellement par celles et ceux dont nous évoquerons un brin de leur histoire ? Comment cela leur a-t-il permis de se transformer ?
Mais de quelles transformations parlons-nous ? Ces transformations, que nous disent-elles de la puissance et de la fécondité de la reconnaissance ? De la capacité de chacun de se saisir de rencontres, de relations, d’événements et de situations qui valorisent les reconnaissances reçues, qui décodent les relations à la reconnaissance, sui défont les misères de la non-reconnaissance… ?
Troisième partie
Cela nous conduira à nous interroger sur les fonctions de la reconnaissance pour nos vies personnelles mais aussi dans les pratiques sociales dans lesquelles nous sommes immergés.
Pourrons-nous alors, à partir de trois fonctions proposées, nous interroger sur nos institutions, sur leurs finalités, leurs objectifs, leurs dynamiques, et leurs outils, et, surtout sur les comportements qu’elles promeuvent, reconnaissent, accompagnent, récompensent et partagent.
Et, donc, sur les processus d’accompagnement que ces fonctions engagent, sur les métiers de l’accompagnement (travailleurs sociaux, enseignants, accompagnateurs de VAE…), qu’elle peuvent éclairer ; sur les chemins de compagnonnages qu’elles pourraient davantage proposer. Nous relirons ces fonctions à partir des projets de quatre organisations avec lesquels j’ai travaillé.
Quatrième partie
Que dire alors de la reconnaissance comme exigence éthique et politique ? Comme nécessité absolue de notre « être ensemble » ? Comme voie pour une humanisation qui, pour être réelle, ne peut être que réciproque ?
L’auteure
Claire Héber-Suffrin, enseignante et formatrice, docteure en sciences
de l’éducation, est cofondatrice des Réseaux d’échanges réciproques
de savoirs®. Elle est l’auteure de nombreux ouvrages dont Penser, apprendre, agir en réseaux ; Apprendre par la réciprocité ; Des outils pour apprendre la réciprocité... (Chronique sociale).
> Ouvrage disponible en librairie ou sur le site Internet de Chronique Sociale ou par correspondance.
» Mission impossible, l’école méritocratique
» Un enseignant-chercheur en quête de sens et de liberté
» Clefs pour une ville apprenante et De l’école aux territoires apprenants
» Stratégie pour enseigner - apprendre
» Apprendre le soin de soi
» Enseigner - Apprendre avec des outils de gestion mentale
» Apprendre par l’erreur
» "Le destructionnaire"
» Mettre l’expérience en mots. Les savoirs narratifs
» Hommage à André de Peretti
» Le monde va beaucoup mieux que vous ne le croyez !
» Vers les guerres civiles : prévenir la haine
» Éduquer à l’incertitude Élèves, enseignants : comment sortir du piège du dogmatisme ?
» Apprendre par la réciprocité. Réinventer ensemble les démarches pédagogiques
» Guide d’éducation thérapeutique du patient
» Les entreprises humanistes. Comment elles vont changer le monde
» Comprendre ce que nous vivons. À la recherche de l’art de vivre
» Etre acteur dans l’acte d’apprendre. Dynamiser une formation avec la méthode Ramain
» Mais qu’est-ce qui l’empêche de réussir ?
» La double hélice des civilisations. Le parti pris de l’optimisme
» L’éducation populaire. Une méthode, douze entrées pour tenir ouvertes les portes du futur
» L’éducation psycho-sociale à l’école. Enjeux et pratiques
» Donner-recevoir des savoirs. Quand la République reconnaît la réciprocité…
» Dépendance, quand tu nous tiens !
» Management, formation et travail en équipe
» Faire réussir l’école
» La fabrique de la défiance. Et comment s’en sortir ?
» Renouveler l’éducation
» Plaisir d’aller à l’école
» Les Réseaux d’échanges réciproques de savoirs
» La Finlande : Un modèle éducatif pour la France ? Les secrets de la réussite
» Faire équipe : Pourquoi ? Comment ? Autonomie & Coopération
» La parentalité positive
» La bonté humaine. Altruisme, empathie, générosité
» Les nouveaux collectifs citoyens. Pratiques et perspectives
» Devenir acteur du changement. Clés pour une grammaire relationnelle
» Sur les chemins de la non violence
» Thérapie de l’échec scolaire
» Parier sur la réciprocité. Vivre la solidarité
» Enquête "Apprendre autrement" pendant 4 semaines par « la Croix »
» En finir avec le harcèlement à l’école
» Éduquer et Former. Connaissances et débats en Education et Formation
» Mieux comprendre nos comportements
» Programmes de prévention de la violence
» La formation des enseignants en Finlande
» Savoirs et réseaux ; Se relier, apprendre, essayer
» Entre mémoire et avenir. Essai sur la transmission
» Changer le collège c’est possible !
» Revue de psychologie de la Motivation : un patrimoine éditorial