Des pistes pour le collège

Collège : les nouveaux programmes

« Mieux apprendre pour mieux réussir » : c’est l’objectif des nouveaux programmes pour le Collège que le Ministère de l’Education nationale envisage de mettre en place à la rentrée 2016. Le temps (et sera-t-il suffisant ?) d’organiser matériellement et humainement ce passage d’une pédagogie traditionnelle « verticale », majoritaire dans notre système scolaire, à une ou plutôt des pédagogies « horizontales », coopératives, pratiquées depuis longtemps mais à la marge. Celles-ci ont suffisamment fait leurs preuves pour que, dans le projet actuel, leur soient dédiés 20% du temps scolaire. Sans en faire une panacée qui résoudrait tous les problèmes c’est reconnaître explicitement qu’elles peuvent permettre à beaucoup d’élèves de « mieux apprendre ».

S’appuyant sur les principes pédagogiques de l’école active : responsabilité et initiative, coopération et entraide, implication personnelle de l’élève et travail en équipe, décloisonnement des disciplines et ouverture de l’école sur le monde, elles contribuent à pacifier le climat scolaire et favorisent, en même temps que la progression individuelle, celle de l’ensemble de la classe. Cela demande toute une éducation aux compétences psycho-sociales (connaissance de soi et des enjeux des relations humaines) dont la nécessité commence à se faire entendre au Ministère de l’Education nationale. Ces nouveaux programmes du Collège les prennent en compte : à côté des cours théoriques il s’agit surtout d’un nouvel esprit, de nouvelles pédagogies, d’une citoyenneté en actes. Sans en attendre de résultats immédiats.

Car il ne suffit pas de mettre ensemble un groupe d’élèves pour que la coopération s’installe d’elle-même. Elle nécessite un apprentissage de l’écoute empathique de soi-même et de l’autre, de l’argumentation et du dialogue, un ajustement réciproque (écouter l’autre et se faire écouter), le respect des règles. Toutes compétences psycho-sociales qui permettent des relations exemptes de comparaisons et de compétition, des rapports de confiance, nécessaires à l’instauration d’un climat de paix « exportable » dans les relations extra-scolaires et citoyennes.

Sans qu’il soit clairement mentionné il s’agit bien là d’un changement de cap. Et si la réussite envisagée n’est pas définie comme telle, cette nouvelle façon d’apprendre ne peut que favoriser la réussite humaine d’élèves pour qui la réussite scolaire se poursuivra avec les autres et non contre les autres. Comment y préparer les élèves sans une formation des maîtres à l’éducation psycho-sociale ? La réussite du renouveau du Collège passe nécessairement par cette formation. Indépendamment des contenus des programmes, cibles de critiques débridées dont les médias se font l’écho, on peut comprendre l’inquiétude d’enseignants formés au cours magistral à qui sera demandé de travailler en équipe et d’adopter un rapport radicalement différent à l’enseignement de leur discipline : par projets interdisciplinaires. Si certains y voient une opportunité de renouvellement de leur rapport aux élèves et à la matière enseignée, d’autres se sentent démunis et dépossédés de leur maîtrise. Seule une formation appropriée pourra les rassurer et leur montrer que les élèves apprécieront d’autant mieux leur expertise qu’ils auront ressenti le besoin d’y faire appel au cours de leurs propres recherches, plutôt que de la recevoir passivement. Souhaitons que la formation dispensée dans les ESPE aux futurs enseignants réponde effectivement à ce besoin, cette demande insistante venue de leurs aînés confrontés aux problèmes (ennui, violences, décrochages) constitutifs de la crise de l’école et les munisse des compétences psycho-sociales nécessaires à ce « changement de cap ».